"Je suis comme tous les vrais amoureux, je vais dans tous les sens, je m'égare, sauf devant l'image fixe de l'être aimé." Rescapée d'un naufrage, Viola arrive en Illyrie où, pour se protéger, elle se travestit en homme et prend le nom de Césario. Elle entre alors au service du Duc Orsino qui, charmé, en fait son page et le charge de transmettre son amour à la comtesse Olivia. Mais Césario / Viola, secrètement sédui.t.te par le Duc, excelle si bien dans sa mission que la comtesse s'éprend du.la messag.er.ère... Réputé pour ses mises en scène alliant fidélité à la situation dramatique et liberté d'interprétation, Thomas Ostermeier, à travers cette intrigue amoureuse placée sous le signe du travestissement, souligne combien l'éveil du désir peut être vertigineux et la question du genre, troublante.
"J'ai dans la tête certaine petite vengeance dont je vais goûter le plaisir." Pendant l'absence de leurs pères, Léandre est tombé amoureux de Zerbinette tandis qu'Octave a épousé Hyacinte. Mais Géronte et Argante sont de retour à Naples pour imposer à leurs fils respectifs un mariage arrangé. Heureusement, Léandre a un valet du nom de Scapin qui a plus d'une astuce dans son sac pour démêler cette double intrigue conjugale ! Usant de ruses et d'un talent certain de comédien, le valet réussit même à soutirer de l'argent aux pères avares pour mieux asseoir l'amour des deux couples. Molière reprend ici l'un de ses thèmes de prédilection, le choc des générations. Scapin met à nu l'ingratitude de la jeunesse envers les aînés et le ridicule de ces pères prêts à tout pour imposer un ordre que les fils ont déjà arrangé à leur guise. La puissance comique du texte, la mise en scène vive et précise de Denis Podalydès, les talents conjugués de la Troupe de la Comédie-Française, les décors, les costumes : tout concourt à faire de ces Fourberies une réussite incontournable et irrésistiblement drôle.
"Il est vrai : ma raison me le dit chaque jour , Mais la raison n'est pas ce qui règle l'amour."
Alceste aime Célimène, une jeune veuve éprise de liberté. Hanté par un procès dont il redoute l'issue, Alceste se rend chez elle, accompagné de son ami Philinte auquel il reproche ses complaisances vis-à-vis de la société. Il souhaite que sa maîtresse se déclare publiquement en sa faveur. Mais c'est sans compter l'arrivée impromptue d'Oronte, de deux marquis, d'Éliante et d'Arsinoé...
Poussés à bout par la radicalité d'Alceste, prêts à s'extraire de toute forme de mondanité, les personnages dévoilent, le temps d'une journée, les contradictions du genre humain soumis à un coeur que la raison ne connaît point.
Une relecture toute en finesse du classique de Molière, filmée pour un direct avec Pathé Live lors d'une représentation publique à la Comédie-Française le 9 février 2017.
Criminelle, adultère, incestueuse, Lucrèce Borgia veut s'arracher au mal qui est sa condition, se faire reconnaître et aimer de Gennaro, l'enfant qu'elle a eu avec son frère. Lors d'un bal à Venise, Gennaro courtise une belle masquée avant de découvrir avec horreur le visage de Lucrèce, lui qui a les Borgia en aversion. Piquée par l'affront des amis de Gennaro qui l'insultent, et soupçonnée d'adultère par son mari, Lucrèce enclenche une vengeance déchirante... Rarement oeuvre dramatique n'est allée aussi loin dans la mise en scène de l'amour maternel. Lucrèce est un monstre moral mais ce monstre est une mère aimante. "Victor Hugo a écrit Lucrèce Borgia pour raconter la perle qu'il y a au fond de chaque monstre" nous rappelle Denis Podalydès, qui signe sa troisième mise en scène à la Comédie-Française après Cyrano de Bergerac et Fantasio.